Bandini - John Fante
Publié en version originale en
1938, il faudra attendre 1985 pour que les lecteurs français découvrent Bandini,
traduit par Brice Matthieussent pour les éditions Christian Bourgois.
Quasi-autobiographique, Bandini est aussi bien un roman sur
l’adolescence que sur les figures parentales.
L’AUTEUR
Né en 1909 dans le Colorado,
John Fante est le fils d’immigrants italiens d’origine modeste. Cette enfance
lui inspirera Bandini. A 20 ans, il part pour Los Angeles ; ce
voyage donnera cette fois naissance à La Route de Los Angeles,
premier roman de l’auteur, refusé par les éditeurs. A côté de ses travaux en
tant qu’écrivain, John Fante a travaillé en tant que scénariste. Tous ses
romans sont largement inspirés de sa vie.
LE LIVRE
Pendant un rude et enneigé
hiver des années 20, Svevo Bandini, maçon, cherche en vain un travail. Las de
sa femme, fervente catholique, et de ses fils, trop bruyants, il quitte le
domicile conjugal. En parallèle, on suit Arturo, 14 ans, l’aîné et alter ego de
John Fante, dans ses frasques, ses mensonges, ses tentatives de rachat auprès
de sa mère et de l’Eglise et dans les déboires de sa vie amoureuse.
LA CHRONIQUE
Bandini est
d’abord un nom de famille, En effet, loin de se focaliser sur un seul
personnage, le roman suit parallèlement Svevo Bandini, le père, et Arturo
Bandini, le fils, Bandini c’est donc une famille (un père maçon et coureur
de jupons, une mère bigote, un aîné turbulent (Arturo), un cadet qui se voit
prêtre et un benjamin victimisé), que l’on retrouve au fil des pages.
Arturo Bandini est un adolescent
qui s’efforce s’imposer dans son monde en ayant recours à la violence, au vol,
au mensonge tout en s’assurant, pour chacun de ses méfaits, d’être pardonné par
sa mère ou l’Eglise.
Quant au père et à la mère, ce
sont deux figures antagonistes : le premier peine à trouver du travail et
finit par aller voir ailleurs, à la fois pour occuper ses mains et pour
s’extraire de cette famille Bandini qui l’étouffe. Il est violent, colérique,
joueur et aime les femmes.
La seconde est une vraie
grenouille de bénitier qui ne quitte jamais son rosaire, s’occupe à temps plein
de ses enfants et ne lève jamais la voix. C’est seulement lorsqu’elle apprendra
la dernière frasque de son époux qu’elle laissera apparaître une autre face.
C’est dans cet environnement,
auquel s’ajoute l’école, qu’Arturo Bandini cherche à trouver sa place.
Véritable plongée dans l’adolescence, Bandini est un roman qui fait vivre cette
adolescence marquée par la pauvreté, la saleté mais aussi par un certain amour
parental.
L’écriture de John Fante
retranscrit tout cela à la perfection et le lecteur se retrouve immergé dans le
quotidien de cette famille.
En définitive, on peut
qualifier aujourd’hui Bandini de classique de la littérature
américaine ; il s’inscrit dans une tendance réaliste qui ne peut être
confortée que par le fait que Bandini est avant un récit autobiographique.
LES EXTRAITS
« Arturo Bandini était
quasiment certain de ne pas aller en enfer après sa mort. Pour aller en enfer,
il fallait commettre un péché mortel. Certes, il croyait en avoir commis
beaucoup, mais le confessionnal l’avait sauvé à chaque fois. Il se confesserait
toujours à temps – c’est-à-dire avant de mourir. Et il touchait du bois chaque
fois qu’il y pensait : il trouverait toujours un prêtre à temps – avant de
mourir. Ainsi Arturo était-il quasiment certain de ne pas aller en enfer après
sa mort. Pour deux raisons : un, le confessionnal ; deux, parce qu’il
était excellent sprinteur. » Editions 10/18, p.103
« Mais au fait,
comment savait-il que Rosa n’était pas en train de mourir ? Evidemment
qu’elle était en train de mourir, car à chaque minute chacun ne se
rapproche-t-il pas de sa propre tombe ? » Editions
10/18, p. 161
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