L'Oiseau du Bon Dieu - James McBRIDE




Parmi les périodes les plus horribles de l’Histoire, nul doute que l’esclavage en fait partie. Nombre de romans et récits prenant place dans ce contexte sont difficiles à lire ; le trafic d’humains, les traitements barbares et abus sexuels me font faire des cauchemars. Si vous êtes comme moi, L’Oiseau du Bon Dieu permet de contourner ces sujets en suivant les abolitionnistes, plutôt que les esclavagistes, qui, par leurs actions sanglantes, ont conduit les Etats-Unis droit dans la guerre de Sécession.

L’AUTEUR

James McBride est né en 1957 à New York. En plus de son œuvre littéraire, il est également musicien. Son premier livre La couleur d’une mère est autobiographique. Avec L’Oiseau du Bon Dieu, il a remporté le National Book Award en 2013.

LE LIVRE

En 1856, Henry Shackleford est enlevé par John Brown, un fervent abolitionniste blanc qui s’est juré de libérer le peuple noir de l’esclavage avec l’aide de Dieu. A moitié fou, il prend le petit Henry, 12 ans, qui vient de perdre son père pour une fille. Le voilà donc contraint de se travestir ce qui entraînera son lot de quiproquos.
Rebaptisé Henrietta, le jeune adolescent devient le porte bonheur de John Brown et le suivra dans toutes ses pérégrinations : du massacre d’esclavagistes aux rencontres avec les plus grands abolitionnistes de son temps.

LA CHRONIQUE

Peut-on rire en lisant un livre ayant pour toile de fonds l’esclavage ? Avec le roman de James McBride, c’est tout à fait possible. Comment ne pas rire devant les aventures du petit Henry, jeune esclave libéré par John Brown, qui n’avait pas du tout envie de l’être ? Le style oral de l’auteur balance au diable le politiquement correct et en avant les scènes cocasses !
A peine sauvé, le voilà échafaudant des plans pour retourner auprès de son maître. Car Henry est un anti-héros par excellence : voleur, menteur, voyeur… c’est un véritable petit filou.

C’était sans compter sur la fascination qu’exercera sur lui John Brown, cet homme blanc qui s’est donné la mission de libérer le peuple noir de l’esclavage non par la politique mais par l’action qu’il veut sanglante.

Le livre s’inspire de faits réels, John Brown a véritablement existé et les différents massacres relatés se sont réellement passés. A travers les yeux de jeune narrateur, l’auteur romance la terrible croisade de l'abolitionniste qui jette les prémices de la guerre de Sécession.

A côté de cette écriture fantastique et de toutes ces aventures qui vous tiendront en haleine, on retrouve dans ce livre une certaine critique de l’auteur contre cette ferveur abolitionniste voulue par les blancs pour les noirs sans que ceux-ci y prennent véritablement part.

En résumé, L’Oiseau du Bon Dieu est à lire absolument pour en apprendre un peu plus sur John Brown, un personnage fascinant mais hautement contestable, par le biais d’une narration rocambolesque qui immerge en lecteur dans cette Amérique divisée.

LES EXTRAITS

« Bon, faut que je précise ici que mes sympathies étaient plutôt du côté du Dutch. C’était pas un mauvais bougre. Le fait est que Dutch prenait soin de moi, de P’pa, de ma tante et de mon oncle, et de quelques squaws, qu’il utilisait à des fins tumultueuses et polissonnes. Il avait deux jeunes frères, William et Drury, qu’il entretenait, il envoyait de l’argent à sa maman restée en Allemagne, et en plus il nourrissait et habillait toutes les squaws et les diverses prostituées que son frère William faisait venir de Mosquito Creek et des environs, et ça faisait beaucoup, parce que ce William, il valait pas un pet de lapin, et il faisait copain-copain avec tout le monde au Kansas, sauf avec sa femme et ses enfants. » Editions Gallmeister, Collection Totem p. 23

« Il avait aucune intention de quitter le territoire du Kansas, ni de se rendre à un soldat blanc ni de faire attention à ce que ce soldat disait. Pour aider sa cause, il était capable d’inventer toute une histoire en quelques secondes. Il était comme tous ceux qui partent en guerre. Il croyait que Dieu était de son côté. Dans une guerre, tout le monde a Dieu de son côté. Le problème, c’est que Dieu, Lui, Il dit jamais à personne pour qui Il est. » Editions Gallmeister, Collection Totem p.116

Commentaires

  1. C'est truculent ! Comment en apprendre un peu plus sur les origines de la guerre de sécession en s'amusant...

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    1. C’est tout à fait ça ! Je n’aurais pas mieux dit !

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