Le Cercle de Farthing - Jo Walton



Le Cercle de Farthing est le premier tome de la trilogie du Subtil Changement qui mêle adroitement uchronie, roman policier et histoire. De l’autrice, j’avais déjà lu Morwenna, un très beau roman peut-être plus difficile d’accès mais qui m’est très cher. C’est avec beaucoup de plaisir que je l’ai retrouvée.
                       
L’AUTRICE

Jo Walton est née en 1964 au Pays de Galles. Elle habite au Canada depuis 2002. Son premier roman traduit en français a été Morwenna, depuis d’autres ont suivi comme les trois tomes de la trilogie du Subtil Changement et Mes vrais enfants.

LE LIVRE

L’année 1949 dans le roman de Jo Walton n’est pas celle que nous avons connue. Ici, les Anglais ont conclu un accord avec Hitler en 1941 pour qu’il s’arrête à la Manche ; Churchill n’est plus rien.
Dans ce contexte, les Juifs sont toujours persécutés sur le continent et ceux qui ont la nationalité britannique sont de plus en plus mal vus par le peuple et les politiciens gouvernant. Ces derniers sont tous issus du Cercle de Farthing qui a conduit à la fin de la guerre.
Lors d’une réception, l’instigateur de la paix est retrouvé assassiné dans son lit, une étoile jaune poignardée sur son torse. Il ne fait alors aucun doute que M. Kahn, seule personne d’origine juive présente et époux de la fille des hôtes, est le coupable. L’inspecteur Carmichael de Scotland Yard, dépêché sur les lieux, fera tout pour tenter de faire éclater la vérité.

LA CHRONIQUE

Le Cercle de Farthing réunit tout ce que j’aime dans un livre : une enquête, pas des plus complexe mais qui tient tout de même en haleine, de la science-fiction, avec ce contexte uchronique dans lequel le Royaume-Uni a fait la paix avec Hitler, des personnages ultra fouillés ; le tout dans un fond historique mêlant vie de château et guerres politiciennes.
Bref, le roman est très complet et c’est un délice de lecture.

Avec son décor, Jo Walton nous montre une Angleterre qui a peut-être évité de s’enliser dans un conflit mondial mais qui voit néanmoins l’antisémitisme gagner du terrain.
Tout l’enjeu de l’intrigue réside là. Accuser une personne d’origine juive n’est-elle pas la meilleure solution pour nuire à cette communauté et pour servir les intérêts de certains ?

Cette paix entre l’Angleterre et l’Allemagne nazie est ici factice mais ses conséquences ont raisonné en moi de manière bien trop réelle. La montée des extrêmes, la xénophobie et l’antisémitisme restent des maux actuels. Avec Le Cercle de Farthing, Jo Walton montre que rien n’est gagné et que tout acquis peut être remis en question.

Les chapitres alternent entre deux points de vue : celui de Lucy Kahn, l’épouse de l’homme accusé du meurtre, qui raconte ce qu’il s’est passé en utilisant la première personne du singulier ; et celui de l’inspecteur Carmichael, que l’autrice suit en empruntant cette fois la troisième personne. Pour la première, cela permet de ressentir intensément sa détresse ; pour le second, on a un côté plus froid et objectif qui sied particulièrement à l’enquêteur.

Le Cercle de Farthing est donc un roman très abordable pour ceux que la science-fiction rebuterait et que je recommande chaudement ! Les deux tomes suivants sont déjà en route pour rejoindre ma pile à lire !

L’EXTRAIT

« Carmichael regarda le cadavre et souhaita, comme il le souhaitait presque toujours dans les affaires de meurtre, pouvoir soutirer au mort des réponses à ses questions les plus brûlantes. Dans la vie, nous sommes comme dans la mort, disaient les livres de prières et, étendu là, dans cette résidence campagnarde qui devait lui avoir été aussi familière que la sienne propre, entouré d’amis et, vraisemblablement, d’ennemis, Thirkie était passé de ce qui était de l’avis général une vie dynamique et bien remplie au silence maussade et sinistre de la mort. »


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