Le jour d'avant - Sorj Chaladon
Le jour d’avant est mon quatrième Sorj
Chalandon. J’ai eu la chance de le rencontrer en janvier 2017 lors d’une
conférence en bibliothèque. Connaître l’homme me fait encore plus apprécier l’œuvre.
Profondément marqué par les événements qu’il a pu couvrir en tant que
journaliste, Le jour d’avant est « inspiré de faits réels ».
L’AUTEUR
Sorj Chalandon est un
journaliste et écrivain français dont les romans sont inspirés de ce qu’il a vécu,
soit dans son enfance (Le Petit Bonzi,
Profession du Père), soit de son
travail journalistique (Mon traître, Le Quatrième Mur, Le jour d’avant…). Il a reçu de nombreux prix dont le Médicis pour Une promesse et le prix Goncourt des lycéens
pour Le Quatrième Mur.
LE LIVRE
Le 27 décembre 1974, à
Liévin, 42 mineurs perdirent la vie au fond de la mine, victimes d’un coup de
grisou. Joseph Flavent, mineur et frère et narrateur, sera la 43ème
victime : il décède quelques semaines plus tard, à l’hôpital, des suites
de ses blessures. Michel, le petit frère, s’érige alors en vengeur. Il veut
venger son frère, son père, sa femme contre la fatalité et trouver un coupable
à qui faire payer.
LA CHRONIQUE
Mon arrière-grand-père
était mineur, dans le Nord. Sa lampe de mineur est l’un des objets les plus
précieux aux yeux de mon père. Des histoires comme ça, Sorj Chalandon en a recueilli
des centaines, comme l’atteste la postface du roman. Le jour d’avant et le décor du Pas de Calais : ses terrils,
ses corons, ses visages noirs, tout cela me touche. Alors, il était logique que
l’histoire de Joseph et Michel Flavent me touche.
J’ai retrouvé dans Le jour d’avant ce que j’aime chez l’auteur :
de la tendresse et de la douceur pour ses personnages, l’injustice de l’Histoire
et l’immersion dans des faits réels.
Quarante ans après la
catastrophe, Michel Flavent retourne sur les traces de son enfance pour venger
son frère. Cette vengeance se cristallise en la personne du contremaître responsable
des mineurs décédés. Michel veut lui faire payer. Mais ce vieil homme affaibli
par la silicose, hanté par les 42 victimes officielles, n’est-il pas déjà
suffisamment puni ?
Le roman n’est pas le procès
de l’industrie minière mais restitue un gâchis humain que seule la recherche du
profit a engendré. Le jour d’avant
est un beau roman qui ne peut pas laisser insensible.
L’EXTRAIT
« Une blessure que rien ne pourra cicatriser, a dit le
maire de Liévin. C’était cela. Une blessure ouverte. Et une douleur que le pays n’a jamais
partagée. Malgré les déclarations et les promesses, le supplice de notre peuple
s’est arrêté aux portes de l’Artois. Notre deuil n’a pas été national. A
l’heure de dire au revoir à son charbon, la France a oublié de dire adieu à ses
mineurs. Le monde qu’ils incarnaient n’existait déjà plus. »
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