Dans la vallée - Hannah Kent
Quel bonheur d’ouvrir enfin un livre qui nous comble entièrement ! Ces dernières semaines ont été chargées d’abandons et de lectures médiocres. Trouvé chez mon bouquiniste et commencé le jour même, Dans la vallée m’a permis de sortir la tête de l’eau et s’est transformé en un coup de cœur.
L’AUTRICE
Hannah Kent est une autrice australienne née en 1985. Elle a écrit deux romans, tous deux traduits en français, A la grâce des hommes (2014) et Dans la vallée (2018) parus chez Presses de la Cité.
LE LIVRE
Irlande, XIXème siècle. Deux croyances cohabitent : la religion catholique et la foi dans le Petit Peuple, ces “Bonnes Gens” qui vivent parmi les hommes et influent sur leur vie. Dans ce contexte, Nora perd son mari et se retrouve seule avec son petit-fils infirme. Impuissante face à la maladie, elle se persuade que son petit-fils a été enlevé par les Bonnes Gens et remplacé par un changelin.
Aidée de Mary, son employée, et de Nance, une guérisseuse qui aurait reçu le “don” par les Bonnes Gens, Nora va tout tenter pour retrouver son petit-fils.
LA CHRONIQUE
Hannah Kent offre encore une fois un très beau roman qui nous immerge totalement dans une autre époque. La vallée qui donne son nom au roman se trouve dans la campagne irlandaise. Les habitants sont des fermiers désargentés que l’hiver affame.
Deux croyances s’affrontent : les anciens croient encore dans le Petit Peuple et se servent de remèdes issus de la nature pour se guérir. A côté, la religion catholique prend de plus en plus de place et rejette ces fables.
C’est dans cette ambiance que Nora, Mary et Nance évoluent. Trois femmes, trois générations. Elles entourent Micheal, le petit-fils infirme que les mauvaises langues croient responsable des tourments qui s’abattent dans la vallée.
Trois femmes parfaitement décrites que l’on suit avidement, entourées d’une foule de villageois qui en rejettent certaines, accueillent les remèdes quand ils ne peuvent faire autrement ou cherchent à discréditer les croyances traditionnelles.
Dans la vallée est un sublime roman qui prend son temps. La fin tragique est inéluctable, la compassion envers ces femmes impossible. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de les soutenir dans leur quête, leur ignorance jouant en leur faveur.
L'intrigue crescendo, bien qu’elle soit lente, m’a rappelé celle d’un thriller. Un certain suspense teinte tout le roman.
Enfin, la plume de l’autrice m’a fait dévorer ce livre et je ne peux que vous recommander de découvrir cette histoire, inspirée de faits réels, oscillant entre tradition, soupçon de sorcellerie et religion. Le tout montre la fracture entre un monde ayant accès à l’éducation et celui qui est cantonné à rester dans les campagnes.
L’EXTRAIT
“Faudrait qu’on se défasse de nos habitudes, qu’on renonce aux « vieilles coutumes » qui nous enlisent et maintiennent l’Irlande au bas de l’échelle. D’après lui, nous sommes « à l’aube d’’une ère nouvelle pour le pays et pour l’église ». Et, pour cette raison, c’est aux bonnes sociétés catholiques, pas aux impies, pleureuses ou guérisseuses, qu’on devrait distribuer nos petites économies.”
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