Le Blues de la Harpie - Joe Meno

Le Blues de la Harpieest un titre qui m’a toujours fait rêver, regroupant musique, mélancolie et mythologie. Autant le dire tout de suite, le contenu est à la hauteur de ce titre poétique. J’ai adoré ce roman que je n’aurai sans doute jamais lu si je ne l’avais pas croisé sur la blogosphère. 

L’AUTEUR

Joe Meno est un auteur américain.Le Blues de la Harpiea été publié en 2001 en VO et en 2017 en France grâce aux éditions Agullo. Son dernier roman, Prodiges et Mirages, a été publié chez le même éditeur en 2018. Le reste de son œuvre reste pour l’instant non traduit.

LE LIVRE

Après sa sortie de prison, Luce Lemay retourne à La Harpie, sa ville natale dans laquelle un ex-compagnon carcéral l’attend : Junior Breen, un colosse au grand cœur sensible, qui lui a trouvé une chambre et un job.

Mais en revenant chez lui, Luce recroise des anciennes connaissances, fait la rencontre d’autres personnes et la tranquillité espérée se révèle impossible à avoir.

LA CHRONIQUE

Le Blues de la Harpie est un très beau roman qui met en scène deux personnages terriblement attachants, Luce et Junior, qui semblent déconnecter de la réalité. 

Réalité qu’ils ont quittée pendant une durée plus ou moins longue à cause de leur incarcération. Quand il retourne à l’extérieur, Luce est vêtu d’un costume rouge : tache de couleur dans le morne quotidien de La Harpie. 

Mais retournent-ils vraiment à la réalité ? Leur logeuse est une vieille femme aux goûts décoratifs particuliers qui vit dans une maison remplie d’animaux morts. Des oiseaux se fracassent contre des vitres, Junior entend des voix, des poèmes sans queue ni tête apparaissent sur le panneau publicitaire de leur lieu de travail… Tous ces éléments nous plongent dans une espèce d’onirisme fascinant.

J’ai tout simplement adoré ce roman qui m’a totalement embarqué dans son univers. J’ai maintenant très envie de découvrir Prodiges et Miragespour savoir si je retrouve ce que j’ai tant aimé dans Le Blues de la Harpie.

L’EXTRAIT

« La vieille Lady Saint-François est venue m’ouvrir. Doux Jésus ! Son fard à paupières, une abomination violine, lui couvrait tout le front. Son haleine chargée se propageait à travers la moustiquaire. D’une main, elle tenait une cannette de bière, de l’autre, une Marlboro. C’était une petite femme à l’air acariâtre, dotée d’une tignasse grise bouffante et d’énormes bras flasques. Après que son mari eut abattu son amant d’un coup de feu avant de retourner l’arme contre lui, elle avait perdu la tête. Elle se prenait pour saint François d’Assise. Pour leur offrir le repos éternel, elle inhumait les défunts sous la véranda de derrière. »