L'art de la joie - Goliarda Sapienza
Ça vous dit de prendre
800 pages d’un portrait de femme dans l’Italie du XXème siècle ? Grace aux
éditions Tripode, L’Art de la Joie a
été réédité en 2015 et a permis de faire redécouvrir aux lecteurs français
cette formidable, foisonnante et féministe œuvre littéraire. Un livre tout en
dialogues et d’une telle richesse qu’il en devient impossible à lâcher.
L’AUTRICE
Goliarda Sapienza est
née à Catane à 1924 dans une famille communiste. Après quelques années passées
en tant qu’actrice, elle se consacre à l’écriture mais ne trouve la
reconnaissance qu’après sa mort, avec la publication de L’Art de la Joie en 1996 qui fut d’abord publié à une échelle
confidentielle avant de devenir un succès grâce à ses traductions.
LE LIVRE
L’Art de Joie nous présente Modesta,
née le premier jour du XXème siècle en Sicile, dans une famille paysanne
pauvre. Mais cette vie ne sera pas la sienne. L’Art de la Joie est plus qu’un roman d’apprentissage, il s’agit de
l’histoire de Modesta qui traverse le XXème siècle et nous montre comment une femme
a transcendé son milieu d’origine pour se hisser dans les hautes sphères
siciliennes en usant de sa formidable intelligence.
LA CHRONIQUE
Vous l’aurez compris, L’Art de la Joie est le roman d’un
personnage : celui de Modesta, qui porte si mal son prénom. Au fil de ces
800 pages, nous la voyons grandir et affirmer son caractère frondeur, épris de
liberté et s’accordant si peu aux mœurs de l’Italie catholique et conservatrice
du XXème siècle.
Car Modesta est une
femme indépendante, qui use de son charme et de son intelligence pour élever sa
condition tout en restant fidèle à ses sentiments et en apprenant à assouvir
ses désirs.
Un modèle de femme
autour de laquelle gravitent des bonnes sœurs, des médecins, des jardiniers,
des communistes, des fascistes, des princes et des princesses. Modesta impose
sa place dans les différents cercles dans lesquels elles évoluent.
Avec un tel personnage
principal, ceux secondaires pouvaient craindre de faire pâle figure. Ce n’est
absolument pas le cas : mentors, amis et amants se payent une large place
autour de Modesta.
L’Art de la Joie est aussi un roman au
style unique. Tantôt récit à la première personne du singulier, tantôt récit à
la troisième personne, tantôt journal intime, tantôt pièce de théâtre… on ne
peut pas faire moins linéaire !
Je suis extrêmement
reconnaissante d’avoir pu découvrir ce roman et ravie qu’il ait été remis au
goût du jour. Si j’ai trouvé quelques passages parfois un peu longs, on ne peut
toutefois lâcher ce pavé et j’espère qu’il continuera à trouver son public.
Quant à moi, il est
certain que Goliarda Sapienza m’a marquée et j’ai hâte de lire ses récits plus
autobiographiques pour apprendre davantage de cette femme qui aurait dû marquer
son époque d'une manière bien plus importante mais qui a été gâchée par cette société italienne
que Modesta prend un malin plaisir à chambouler.
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