L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski - Romain Slocombe



Dans la famille flic français je voudrais le collabo, qui a ? Eh bien moi j’ai, et cela en la personne de Léon Sadorski : personnage principal, pour ne pas dire héros, de la série éponyme de polars écrite par Romain Slocombe. 
Série qui ne plait pas à tout le monde (et pour cause, qui peut s’attacher à un flic pareil ?), je vois de mon côté beaucoup d’intérêt à lire ces romans que je vous engage fortement à découvrir.

L’AUTEUR

Romain Slocombe est né en 1953. Outre son activité de romancier, il est également et notamment photographe, illustrateur et réalisateur. La série Léon Sadorski se déroule sous l’Occupation. 

LE LIVRE

L’étoile jaune de l’inspecteur Sadorski est le second volume mettant en scène ce triste policier des renseignements généraux qui coche toutes les cases de l’odieux personnage : misogyne, collaborateur, antisémite, volage… 
Cette seconde enquête débute avec l’explosion d’une bombe dans un café parisien en mai 1942. Étaient visés les brigades spéciales. 
Au même moment, le cadavre d’une jeune femme est retrouvé dans un bois en banlieue parisienne. Sadorski est alors chargé de l’enquête et se retrouvera à pourchasser ce qu’il déteste encore plus que les juifs : les communistes. 

LA CHRONIQUE

Alors oui, là tout de suite, je sens que le portrait que j’ai fait de Léon Sadorski ne donne pas tellement envie de découvrir les romans. Je le comprends : le sujet rebute, qui aurait envie de lire les péripéties d’un homme absolument imbuvable ? Pourtant, il est le triste reflet de son époque. Et c’est ça la force de L’Affaire Léon Sadorski (le premier volume) et de sa suite. 
J’ai rarement lu roman aussi documenté sur l’Occupation. En prenant comme « héros » ce policier qui « fait son travail » (et y mettant beaucoup trop de zèle), l’auteur nous immerge dans ce qui a été une horrible période de l’histoire du XXème siècle. 

La vie quotidienne des Français, la résistance communiste, la rafle du Vel’ d’Hiv, la vie dans les camps, le marché noir… tous ces sujets sont abordés. C’est révoltant et pourtant si nécessaire à lire. 

Sadorski ne pense qu’à lui et cherche son intérêt dans chacune de ses actions. Rajouter la mention « communiste » sur une fiche d’identité et le voilà assuré de voir les personnes qui pourraient se mettre dans ses pattes déportées. 
Là où le personnage fait preuve de compassion, ce n’est que parce telle femme juive lui plait ou qu’il a assez commis ou vu d’horreur dans sa journée.

Concernant L’Etoile jaune de l’inspecteur Sadorski, l’intrigue connait rebondissement en rebondissement et l’auteur implique Sadorski dans les directives de Vichy, prêt à tout pour plaire aux nazis. 
Il en résulte des passages très douloureux et insoutenables à lire. J’en ai pleuré de dégoût. 

Et pourtant je lirai le troisième tome, qui sort cette semaine en poche. Pourquoi me direz-vous ? Pourquoi s’infliger ça ? Parce que le devoir de mémoire. Parce que qu’est-ce que nous, nous aurions fait à sa place ? C’est impossible à dire. Qui est bon et qui est mauvais ? Il y-a-t-il plus que cela ? 
On ne peut comprendre l’ampleur de la Seconde Guerre Mondiale qu’en regardant des documentaires, qu’en rencontrant des rescapés des camps de la mort, qu’en lisant des romans qui semblent sur le papier rebutant, mais si nécessaires et important. L’Affaire Léon Sadorski et sa suite en font partie. 

Commentaires

  1. j'ai vu des documentaires sur ces fameux Français .. je lis beaucoup sur cette période (les camps d'extermination) et je regarde beaucoup de docs. Ton personnage me fait penser à Limonov, un personnage odieux et malsain mais Carrère en a fait un superbe héros de livre ...

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    1. C’est une période que je lis beaucoup aussi.
      J’ai également lu Limonov, j’avais beaucoup aimé. Je devrais le relire avec tes yeux plus « adulte », je devrais en retirer davantage que lors de ma première lecture

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